Un arrêté a été publié fin 2017 afin de pouvoir modifier la carte grise d'un véhicule essence équipé d'un boîtier d'adaptation. Voici l'état de l'offre en décembre 2020 :
Normes Euro Années |
Puissance Fiscale |
Injection indirecte | Injection directe* |
Euro 1 et 2 1993 -2000 |
Impossible | ||
Euro 3 et 4 2001 – 2010 |
< 8 cv | Biomotors | |
De 8 à 14 cv |
Biomotors FFED |
||
+ de 14 cv | Impossible | ||
Euro 5 à 6 2011 – 2020 |
< 8 cv |
Biomotors FFE Borel |
Biomotors FFED Arm Engineering |
De 8 à 14 cv |
Biomotors FFED |
Biomotors* FFED* Arm Engineering* |
|
+ de 14 cv | Impossible | ||
* Impossible depuis 2019, pour les dernières versions équipées d’un FAP (Filtre à Particules) | |||
Homologations à la date du 1er décembre 2020 (source SNPAA) |
Analyse
A la lecture du tableau, on se rend compte que, depuis 3 ans, seuls deux fabricants, bizarrement présents à la rédaction du texte, ont réellement fait la démarche : les sociétés FFED et Biomotors.
Pour sa part, la société ARM Engineering n'est présente que dans deux catégories de moteurs à injection directe. Or, ces nouveaux moteurs étant, presque tous, équipés, d'un filtre à particules (FAP), ils ne peuvent pas prétendre à la modification de la carte grise. L'intérêt est donc très limité.
Quant à la société Borel, spécialiste français du GPL, elle a fait homologuer un célèbre kit finlandais rebadgé sous son nom ; afin, semble-t-il de pouvoir tester une offre de véhicules à tricarburation : Essence/GPL/E85.
Au final, l'offre s'avère donc restreinte à un Duopole FFED/Biomotors qui peuvent ainsi s'entendre sur des tarifs élevés et dégager des bénéfices insolents, en se partageant le marché. Vous constaterez d'ailleurs que pour les véhicules entre 2001 et 2010 de moins de 8 cv, Biomotors se retrouve même en situation de monopole.
Arrêté fondamentalement illégal
La procédure retenue (un véhicule au hasard par catégorie) et les tests partiels de pollution réalisés n'ont aucune valeur technique et ne respectent absolument pas la réglementation européenne dans ce domaine. Le boîtier n'est, en pratique, qu'un leurre et le véhicule ne devient donc pas réellement flexfuel. Aussi, la modification de la case énergie sur la carte grise est parfaitement illégale et le véhicule n'est alors plus conforme à son certificat de conformité d'origine (ou COC).
De plus, le découpage arbitraire par classe fiscale et l'exclusion de certaines catégories de véhicules est contraire au principe constitutionnel d'équité des citoyens devant la loi.
Enfin, l'exclusive habilitation d'une société privée française pour ces pseudo-tests peut facilement être considérée comme une entrave à la liberté de la concurrence européenne. Aussi, les autres fabricants homologués européens se refusent logiquement à devoir amener des véhicules en région parisienne et à payer pour accéder au marché français.
Les fortes sommes demandées ressemblent donc plus à un droit d'entrée sur le marché que du prix réel du service.
Texte de complaisance
En raison de la présence de personnes influentes au sein de la direction de la société Flexfuel Company, on peut légitimement se demander pour quelle raison le Directeur de l'Energie, grâce à sa délégation, a signé cet arrêté, au profit notamment de celle-ci.
En effet, outre l'absence de valeur technique des tests effectués, il n'existe ni contrôle de la formation des installateurs, ni du bon fonctionnement de l'installation dans le temps. La seule obligation théorique pour les constructeurs de boîtiers est de remonter les éventuels problèmes rencontrés annuellement. D'une part, s'ils existent, ces rapports n'ont jamais été rendus publics et, d'autre part, il est peu probable que les fabricants aient intérêt à jouer le jeu.
Aussi, nous commençons à voir des véhicules avec une carte grise estampillée flexfuel alors que le boîtier a été démonté car il ne fonctionnait pas ou mal car, le plus souvent, leur propriétaire ne souhaite pas repayer la carte grise en sens inverse.
Au passage, il est "amusant" de constater que c'est le SNPAA (Syndicat National des Producteurs d'Alcool Agricole) qui est chargé de tenir "officiellement" à jour la liste des homologations obtenues.
Enfin, depuis septembre 2020, la société Biomotors commercialise un tout nouveau boîtier et il est étonnant de constater que les "homologations" précédentes restent acquises pour ce nouveau produit. Cela vient confirmer le principe du droit d'entrée évoqué précédemment.
Interrogés par écrit sur la question, les trois derniers ministres de l'écologie, en poste, ne veulent pas répondre ou bien qu'ils ne sont pas concernés. Il est donc inquiétant de constater pour la démocratie, qu'en France, un haut fonctionnaire puisse signer des arrêtés sans véritable contrôle.
Conclusion
Tous les véhicules modernes européens acceptent de base de fonctionner avec 40% d'éthanol. C'est pourquoi bon nombre d'automobilistes roulent en mélangeant la moitié de leur plein avec de l'E85. Le rôle d'un boîtier n'est que d'augmenter le temps d'injection et ainsi d'éviter l'affichage du voyant moteur. Il ne s'agit donc pas d'une modification que l'on peut qualifier de notable. Aussi, la modification de la carte grise est parfaitement inutile et surtout absurde, d'autant qu'en utilisation très sévère, le risque de casque moteur à l'E85 est réel.
La pose d'un kit homologué CE posé par un professionnel de l'automobile semble donc plus judicieux et surtout beaucoup moins onéreux, pour une qualité au moins équivalente à un kit pseudo-homologué monté fréquemment par un quelconque Centre Auto. De plus, en cas de mauvais fonctionnement, de revente ou de reprise par une concession, il sera toujours possible de le désinstaller, sans autre conséquence.